Comme toutes les granges dîmières, la Dîme de Giverny qui date du XIIIe siècle a été construite dans le but d’entreposer la dîme, impôt destiné à l’Eglise catholique. Ainsi à Giverny, avant la Révolution, c’est un dixième du bétail et des productions végétales qui est prélevé aux agriculteurs. La grange dîmière servait alors à protéger ces récoltes des intempéries avant qu’elles soient redistribuées à leur bénéficiaire, le clergé séculier de l’Abbaye de Saint-Ouen de Rouen. Mais avec la chute de l’Ancien Régime, à la Révolution, la grange perd son utilité séculaire et est transformée en corps de ferme.
A l’aube du XXe siècle, l’édifice est acquis par les Etablissements Féron, pépiniéristes, jardiniers et horticulteurs, qui transforment cette ferme rustique en une spacieuse maison de famille. Les propriétaires y font notamment ajouter une large tour carrée dotée d’une verrière. Il s’agit d’un atelier d’artiste qui a probablement servi aux peintres, ceux-là même ont fait la notoriété de Giverny, lors de leurs séjours au village. On sait d’ailleurs qu’Albertine-Louise, la fille Féron, servit de modèle à Frederick Carl Frieseke à plusieurs reprises.
A la mort d’Albert Féron en 1916, Albertine-Louise hérite de « la Dîme », qu’elle vendra au début des années 1920. La maison est désormais la propriété de Teddy Toulgouat, gendre de Theodore Earl Butler, peintre impressionniste américain. Avec sa femme Lilly, Teddy reçoit non seulement les peintres, mais les artistes de toute spécialité de l’époque, à La Dîme. Ainsi, Louis Aragon s’y installe pour quelque temps, avec son amie de l’époque, Nancy Cunard dès mai 1923. Michel Leiris, tout comme Isadora Duncan, ont également fait partie des visiteurs des lieux.
A partir des années 1990 la maison est mise en sommeil… Pendant plus de vingt ans, la Dîme restera inhabitée, livrée aux intempéries. Il faudra attendre 2014 pour que la demeure soit rachetée par la famille Bonnet qui la fait revivre en la transformant suite à d’importants travaux en maison d’hôtes et salle de réception.
La partie la plus ancienne de La Dîme est dédiée à l’accueil des hôtes, et se déploie autour d’une cour pavée.
Les nouveaux habitants ont voulu mettre en valeur les caractéristiques des différentes pièces en enfilade. Ils en ont souligné les structures d’origine, et respecté les contrastes.
Le mobilier discrètement éclectique, mêle quelques créations contemporaines à des éléments d’esprit rétro.
Une simplicité raffinée a été privilégiée, suggérant la continuité d’un art de vivre au présent.
La Dîme de Giverny
2 rue de la Dîme
27 620 Giverny
France